Interrogé par le magazine Challenges, David Ambrosiano, élu Président du Conseil supérieur du notariat (CSN) le 20 octobre dernier, brosse le portrait du marché de l’immobilier. Malgré la crise sanitaire, les transactions sont restées nombreuses en 2020 et ont été particulièrement profitables aux villes moyennes. Contrairement à ce qui est parfois laissé entendre, la production de crédits immobiliers a quant à elle augmenté, soutenue depuis fin 2020 par les nouvelles recommandations du HCSF.
Le volume des transactions est resté stable en 2020
En date du 28 février 2021, le site notaires.fr recense 16 044 notaires en France. Des professionnels qui établissent chaque année « plus de 4 millions d’actes authentiques et plus de 320 000 déclarations de succession » et ont donc une vision très fine du marché.
Ainsi, David Ambrosiano, nouveau président du CSN, dresse le bilan de l’année 2020, singulière à bien des niveaux. Contrairement aux idées reçues, le nombre de transactions est resté proche de celui enregistré pour l’année 2019, soit près d’1 million. Pour autant, les ménages français semblent s’être davantage préoccupés de leur succession l’an dernier, augmentant du même coup le nombre d’actes liés aux donations et aux testaments.
Malgré la crise, la production de crédit immobilier est en hausse
Si les banques ont pu être accusées de ne pas accorder suffisamment de crédits immobiliers en 2020, notamment par les courtiers, les chiffres semblent indiquer le contraire. Exception faite de la période août-novembre, la production annuelle est en hausse, renforcée par les nouvelles recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF).
Pour preuve, une note de la Banque de France, publiée le 4 mars 2021, indiquant que : « le taux de croissance annuel de l’encours des crédits aux particuliers s’établit à 4,3 % en janvier 2021 (après 4,5 % en décembre 2020) ».
Les villes moyennes retrouvent l’intérêt des acheteurs et des investisseurs
En ce qui concerne le dynamisme de l’immobilier en 2021, David Ambrosiano constate un démarrage en demi-teinte. Si les chiffres reflètent des volumes inférieurs à la même période en 2020, les disparités semblent s’accentuer entre Paris et la province, et plus généralement entre les grandes métropoles et les villes moyennes. Les ménages privilégient, en effet, l’espace et la nature. Un déplacement qui profite à des villes comme Châteauroux, Laval et Avignon, qui offrent à la fois les infrastructures et les services des grandes villes, tout en permettant d’acheter plus grand à moindre prix.
D’une manière générale, ce sont les 222 communes du programme Action Cœur de Ville qui retrouvent une certaine activité et gagnent donc en visibilité. « Le marché, qui augmentait de moins de 2 %, progresse désormais de plus de 5 % dans 148 d’entre elles » note David Ambrosiano. Un regain d’intérêt que l’on doit possiblement à ce programme gouvernemental, aux confinements successifs de 2020 qui ont modifié les attentes, mais aussi au dispositif Denormandie qui offre des réductions d’impôt pour un investissement locatif avec travaux dans l’une de ces 222 communes.
Les investisseurs eux aussi semblent se détourner des grandes villes et notamment de celles qui appliquent l’encadrement des loyers ou envisagent de le mettre en place.